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D'un réalisme à l'autre                     D'un réalisme à l'autre
Sources (*) : 1860 : l'adresse au spectateur               1860 : l'adresse au spectateur
Michael Fried - "Le modernisme de Manet, Esthétique et origines de la peinture moderne, tome 3", Ed : Gallimard, 2000, pp102, 327

 

Autopotrait (Fantin-Latour, 1860) -

L'inversion spéculaire de l'image dans les autoportraits, qui devient courante à partir des années 1860, témoigne d'une tension entre le corps réel de l'artiste et le réalisme de l'image

   
   
   
                 
                       

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Quand on regarde cette image, on a tendance à croire que Fantin-Latour s'est peint en face d'un miroir. Mais, comme l'explique Jacques Derrida, ce n'est qu'une hypothèse. Fantin-Latour pourrait s'être dessiné dans l'acte de dessiner autre chose que lui-même, ou lui-même comme autre. Tant qu'une indication externe (une voix, un titre, une légende, un témoignage) ne vient pas confirmer qu'il s'agit effectivement d'un autoportrait, on n'en a pas la certitude. Mais Michael Fried attire l'attention sur plusieurs détails susceptibles de confirmer l'impression que nous avons de nous trouver à la place du miroir.

Le peintre, à nos yeux, semble dessiner de la main gauche. Etait-il véritablement gaucher? On peut penser, avec un certain degré de probabilité, que non. En effet :

- on aperçoit les boutonnières de sa veste près de la main immobile qui semble être la main droite. Or à l'époque, pour un homme, le sens conventionnel du boutonnage était gauche-sur-droite, et non pas droite-sur-gauche.

- les hâchures qui traversent le tableau pour produire des degrés d'ombre et d'obscurité sont tracées du coin supérieur droit vers le coin inférieur gauche, ce qui est un comportement de droitier (Léonard, qui était gaucher, les traçait dans l'autre sens).

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Pour réaliser ce tableau, il faut supposer trois éléments distincts :

- l'artiste-modèle, qui dessine et est dessiné. Sa main droite agit, tandis que sa main gauche tient le bloc-notes (ce dernier est à la place de la palette telle que Fried l'a analysée dans différents autoportraits de Courbet, et aussi dans les Casseurs de pierre).

- le dessin sur le bloc-note,

- le miroir.

 

 

Michael Fried fait remarquer que, avant 1860, les peintres prenaient soin d'inverser le renversement induit par le miroir, afin de restaurer l'illusion. Ils voulaient montrer ce que le spectateur est supposé voir [un peintre dans le bon sens] et non pas ce que le peintre lui-même est supposé voir. Bien qu'il y ait quelques exceptions à cette règle, les artistes d'avant 1860 prenaient soin de dissocier leur "vécu" de leur place conventionnelle ou de celle qui était occupée par le spectateur. Mais chez Fantin-Latour comme chez Courbet, la peinture prolonge directement l'orientation corporelle de l'artiste. Celui-ci, absorbé dans son être vivant, se représente dans l'acte de peindre, s'incarne dans l'image. Le peintre, le modèle et le spectateur fusionnent. On en trouve une confirmation dans le tableau ci-dessus où l'étrange objet indéterminé, partiellement barré, en bas à droite, peut être interprété comme une figure du pouce ou de la main droite du dessinateur, posée sur le papier pendant qu'il dessine.

Après Fantin-Latour, d'autres peintres comme Whistler dans L'artiste dans son atelier (1865-66) ou Manet dans son Autoportrait à la palette (1878-79) ont pratiqué, sans doute volontairement, cette inversion spéculaire.

 


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