La haine qu'André Breton vouait au réalisme aurait du le conduire à rejeter aussi la photographie. En effet la photographie semble reproduire le réel, dont elle est une trace directe. Pourtant Breton a soutenu Man Ray. Dans trois de ses principaux ouvrages, des photographies se combinent avec le texte : Nadja (1928), les Vases communicants (1932) et L'Amour fou (1937), tout en restant en décalage avec lui. Et surtout la photographie est la principale source d'images des périodiques surréalistes. Elle n'occupe pas dans le mouvement une position marginale par rapport à la peinture ou la sculpture, mais une position centrale. Tous les procédés sont utilisés : photos manipulées ou non, documentaires, tirages négatifs, superpositions, expositions multiples, utilisation de miroirs ou d'objets spécialement fabriqués, solarisations, rayographies, distorsions, etc...

Et si l'on pouvait déduire de la photographie le principe d'unité du surréalisme? C'est la thèse que défend Rosalind Krauss à partir de l'analyse du photomontage et des concepts qu'elle privilégie dans son démontage du surréalisme, l'écriture et l'espacement.

On trouve dans Nadja une photographie de la statue d'Ètienne Dolet de la place Maubert (fondue par les allemands pendant la guerre), comparable à cette carte postale.