En général, on ne peut pas faire de la bonne peinture sans rigueur et ingrité. Mais pour les peintres modernistes, le problème est plus complexe. L'intégrité doit se traduire directement dans la peinture. Si l'on prend l'exemple de Morris Louis, homme sérieux et rigoureux s'il en est, le fait de refuser d'aller à New York pour ne pas se laisser influencer était l'un des éléments de cette intégrité. Mais ce n'était pas une garantie de succès - au contraire, car il manquait de repères. Il a fallu l'insistance de Kenneth Noland pour qu'il se décide à entreprendre le voyage en avril 1953, qu'il rencontre Clement Greenberg et qu'il découvre Mountains and Sea de Helen Frankenthaler qui allait fortement l'influencer. Après cela il est allé (encore) plus loin dans sa rigueur en éliminant toute structure reconnaissable et en explorant de nouvelles techniques - preuve de son appartenance au courant moderniste.