Je condense une citation de William Rubin par Stanley Cavell et plusieurs remarques de Cavell lui-même. Selon Rubin, de même que les surréalistes recherchaient des automatismes qui créeraient des images, Pollock a cherché un automatisme avec lequel créer des peintures. Mais pour cela, il a du renouveler l'idée qu'on se faisait de la peinture, montrer en quoi l'automatisme pouvait en être un moyen d'expression (comme il l'est de la photographie ou du cinéma). Cette démarche est typique de la peinture moderniste, qui est une reconnaissance de ses propres conditions d'existence.

Cet automatisme imite, dans son fonctionnement, l'autonomie de la nature, son auto-suffisance - réalisant de manière imprévue un vieux souhait du romantisme. La nature se libère, échappant à nos domaines privés. Nous en sommes absents, sans le frisson du pittoresque et contrairement à la perspective, qui nous place par rapport à la nature.