Derrida
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Kiefer, deuil ou mélancolie?                     Kiefer, deuil ou mélancolie?
Sources (*) : Anselm Kiefer               Anselm Kiefer
Daniel Arasse - "Anselm Kiefer", Ed : du Regard, 2007, p36

 

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[Le travail de mémoire d'Anselm Kiefer a l'allure d'un travail de deuil]

   
   
   
                 
                       

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Dans les années 70, la critique allemande avait souvent une attitude négative à l'égard de Kiefer. Lorsqu'il a été sélectionné pour représenter l'Allemagne à la Biennale de Venise, en 1980, il a été dénoncé pour son ambiguité. En se représentant lui-même faisant le salut hitlérien, dans des lieux qui avaient été occupés par l'armée allemande, il reconnaissait et assumait cette ambivalence. Il violait l'interdit de la représentation du nazisme. Pour mettre en scène théatralement l'abjection de son geste de ralliement, il fallait qu'il éprouve dans son propre corps les sentiments du personnage qu'il interprétait. On peut comparer cette attitude à la façon dont Freud décrit le surinvestissement de l'objet perdu dans le travail de deuil : pour faire son deuil d'une certaine Allemagne, il faut commencer par la surinvestir. Pour construire une mémoire, il faut d'abord lutter contre l'oubli ou l'effacement. Le splendide délabrement de ses peintures des années 70 investissait d'une beauté tragique la destruction de l'Allemagne. Parallèlement, il investissait la pensée juive à travers la Cabale et certaines figures privilégiées comme Lilith. Ses ruines semblaient sauver des civilisations entières de l'oubli.

Pour Freud, la mélancolie est l'échec du deuil. Le sujet s'identifie avec l'objet perdu [plutôt que d'y renoncer]. Le travail interminable de Kiefer ne correspond-il pas à une sorte de mélancolie? Le fait qu'il produise des oeuvres et qu'il puisse se conduire en artiste montre que dans une certaine mesure, ce n'est pas le cas. Son deuil réussit, comme le montre le fait que son art change profondément dans les années 1990. Il s'installe en France en 1993. Pendant deux ans, il interrompt son activité artistique et voyage. Il abandonne les thèmes vétéro-testamentaires ou cabalistiques pour s'intéresser à la dimension cosmique. Peu à peu, il y a plus de ciel et moins de terre dans ses paysages. Il se représente lui-même, allongé à même le sol.

 

 

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Propositions

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L'art était au coeur du projet politique nazi, qui se pensait comme une véritable entreprise artistique

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[La question décisive pour Kiefer dans les années 70 est : "Comment être un artiste en Allemagne après l'exploitation de l'art par le national-socialisme?"]

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La réunification de l'Allemagne est un leurre dès lors que les juifs, dont la pensée est inscrite au coeur de la pensée allemande, ont été exterminés

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Kiefer montre, dans ses oeuvres mêmes, la contamination allemande par la culture nazie

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Dans les années 70-90, l'oeuvre de Kiefer se présente comme la construction progressive d'un théatre de la mémoire

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Par le travail violent de la matière qui donne aux surfaces une présence impressionnante, Kiefer met la théatralité au coeur de sa pratique artistique

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La présence de Lilith, créature des origines, mère de la mélancolie, hante les oeuvres cabalistiques de Kiefer

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Les ruines de Kiefer sont des monuments dressés aux civilisations qui connaissaient cette présence vivante du cosmos que l'époque moderne a ensevelie dans l'oubli

 


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