Anselm Kiefer ne se contente pas d'une critique artistique de l'institution comme le font, par exemple les minimalistes américains. Il s'implique lui-même personnellement dans un travail de réparation inséparable d'un travail de deuil. La destruction d'une certaine Allemagne n'est pas théorique ou métaphorique, elle est réelle. Quand il fabrique des livres à partir du matériau de ses propres toiles carbonisées (la Cautérisation du district rural du Büchen), il passe à l'acte et présente dans la matière même du livre l'idée que celui-ci représente. L'agression par rapport à son oeuvre antérieure manifeste un désir de table rase, et aussi de remémoration. Quand il représente le peintre inconnu en laissant ambigue la question de savoir s'il s'agit d'Adolf Hitler ou de lui-même, ou quand il montre la Sulamith [c'est-à-dire la juive] sous la forme d'un chandelier à 7 branches au coeur même d'une architecture nazie, il souligne la place centrale que le nazisme donnait à l'art.

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Propositions

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