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Sources (*) :              
Gil Aelligam - "Semences d'a-théisme", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 2 octobre 2002

 

Colons juifs en Palestine (W. Zadek) -

Le sionisme religieux porte le rêve d'un peuple juif qui échapperait à la division induite par la modernité

   
   
   
                 
                       

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CRITIQUE DU LIVRE DE SHMUEL TRIGANO, L'ÉBRANLEMENT D'ISRAÊL.

Au début du livre, on est surpris par la virulence des attaques contre la gauche israëlienne et le camp de la paix. On a l'impression d'un règlement de comptes assez gratuit. L'articulation avec le projet politique propre à Trigano apparaît peu à peu. Ce projet repose sur un rejet de la modernité. L'égalité des citoyens, les droits de l'homme, la laïcité, il faut éliminer tout cela peur laisser place à quoi? À ce que Trigano appelle la convergence de l'État des juifs et du peuple juif. C'est assez paradoxal car Trigano s'efforce de distinguer l'am de l'eda, la Cité de la communauté de transmission. Il explique à juste titre que le peuple juif ne sera jamais soluble dans une nation. Mais ce n'est que pour restaurer aussitôt la confusion, car si l'État qu'il propose n'est pas l'État moderne, ce ne peut être qu'une construction pseudo-confessionnelle qui prétend représenter l'ensemble du peuple juif - chose impossible.

Le judaïsme est-il incompatible avec la modernité? On peut répondre à cette question de Trigano (qui répond négativement) en usant de ses propres concepts. Si l'on admet que le défi de la modernité s'incarne dans la nation israëlienne, celle-ci ne peut pas rejeter la citoyenneté et les droits de l'homme, au contraire, car elles dérivent (aussi) de la tradition juive. Les juifs s'inscrivent dans notre époque par cette nation. Israël peut être un État moderne et un État juif. C'est même sa vraie vocation : un pont entre le judaïsme et la modernité.

Acceptons l'idée que le peuple juif est porteur de l'étrangeté constitutive de l'humain. La question qui se pose est l'opportunité et la possibilité de faire porter cette "étrangeté" par l'État.

Le peuple doit continuer son expérience historique distincte de celle de la nation. C'est dans cette séparation-là que la non-identité à soi doit se vérifier, pas dans une particularisation d'un État qui ne peut être, en pratique, qu'un État moderne.

Curieuse idée de vouloir rétablir la fonction prophétique dans le judaïsme. Comme s'il suffisait d'ouvrir des écoles de prophétisme pour faire revenir la parole de dieu. Comme si le simple fait qu'il y ait un État fabriquait des prophètes.

Trigano propose que les symboles qui identifient cet État soient ceux du judaïsme. Cela n'est pas pour lui purement symbolique. Il refuse l'État laïque. L'hétéronomie du peuple juif doit trouver son expression dans l'État.

Un autre débat est la fonction du rabbinat. On a l'impression que, avec la fonction rabbinique, Trigano rejette toute la tradition talmudique. Excusez du peu! La halakha est en panne, mais pas seulement la halakha. Le peuple juif doit se désinvestir de toute institution. Une nouvelle instance critique est à construire de toutes pièces. Comme si le peuple juif n'était pas le produit de la controverse talmudique. Comme si l'étrangeté dont parle Trigano n'était pas étroitement liée à ces institutions.

On a l'impression que Trigano cherche désespérément à justifier par une construction théorique ses idées politiques. Le point de départ est le refus de céder devant les revendications "droits-de-l'hommiste" des palestiniens. Trigano se rend compte que c'est incompatible avec les valeurs de la modernité. Il faut donc rejeter la modernité, y compris le sionisme, mais sans devenir post-sioniste. C'est là que les contradictions commencent à s'accumuler. L'État doit être séparé du peuple juif, reconnaît-il. Mais il ne doit pas reconnaître la citoyenneté abstraite, ce qui conduirait inéluctablement à renoncer à une politique d'annexion. Il faut donc un État d'un type spécial, aussi confus que moralement contestable.

Une phrase est inaudible pour lui : LES PALESTINIENS ONT DES DROITS. Elle est peut-être là l'étrangeté. D'autres que nous ont, sur cette terre, les mêmes droits, ceux des temps modernes, et nous avons à faire retrait devant eux. Là est le vide, le tsimtsoum. Faire retrait n'est pas se retirer, c'est ouvrir un espace.

 

 

Pour la survie du judaïsme, le sionisme religieux, dont Shmuel Trigano est en France un remarquable témoin, table sur une sorte de fin ou d'épuisement de la modernité. Pour que les juifs puissent espérer concilier leur particularité historique (leur étrangeté), leur Etat (qui ne sera jamais exactement un Etat national moderne puisqu'il portera la tradition juive, y compris religieuse), et la survie du peuple dans ses formes traditionnelles, il faut renoncer à la modernité. Cet espoir d'une adéquation enfin trouvée du peuple juif avec lui-même suppose que ce qui gêne son projet politique (la laïcité, la citoyenneté et l'égalité applicables à tous, l'autonomie de l'Etat) puisse disparaître miraculeusement. Comme si ces notions n'avaient pas émergé dans le monde moderne justement grâce à leur présence dans la tradition biblique! Comme si les juifs n'en étaient pas porteurs et acteurs eux aussi!

 


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