A partir de quel stade du développement embryonnaire peut-on parler de personne humaine? Pour l'église catholique, l'oeuf possède, dès la fécondation, la dignité d'une personne. Mais cette cellule ou cet amas de cellules indifférenciées ne diffère en rien d'un autre amas de cellules, si on la considère au présent. Si certaines conditions sont réunies (notamment l'implantation dans un utérus féminin), elle se développera en foetus et aura un futur. On peut considérer qu'avant la nidation (vers 14 jours), c'est-à-dire avant l'implantation solide dans l'utérus, ce n'est qu'un pré-embryon. On peut aussi considérer qu'elle ne devient un foetus qu'à l'apparition d'un système nerveux (vers 2-3 semaines) ou encore au moment de sa différenciation d'avec le placenta (cinq jours). Tout seuil peut être considéré comme aussi arbitraire que le passage à la majorité légale (18 ans) ou la naissance elle-même.

Si l'on accepte l'idée que le non-vivant peut produire du vivant, que ce qui n'est pas une personne peut se transformer en une personne, ou qu'un amas de cellules peut devenir un embryon, il faut renoncer à toute définition essentialiste. Les attributs de la personne ne font pas l'objet d'un jugement de fait, mais de droit. Elle dépend d'un ensemble de considérations pragmatiques qu'on peut qualifier de "fiction juridique".