De même que certains peintres qui ont peint après Cézanne sont engagés par ce que promet cette peinture, il se pourrait que le frayage ouvert par Derrida en engage plus d'un, qu'il l'ait explicitement contresigné ou non. Même ceux qui ignorent la déconstruction, ceux qui la combattent, ceux qui ont foi en la culture classique ou la science, même ceux qui n'en ont jamais entendu parler, ils sont peut-être affectés par des principes énoncés avant eux. La démarche derridienne est liée à une date, un contexte historique, à ce qu'on pourrait appeler un horizon problématique partagé. Mais on peut en dire ce que Derrida disait de Paul Celan : désormais la date reste en mémoire, singulièrement et en toute clarté. Irremplaçable, irrépétable, elle n'a lieu qu'une fois, et pourtant elle s'expose. Comme le poème, elle s'adresse à une date à venir. Tant que sa trace n'est pas perdue (ce qui peut toujours arriver), elle s'impose inconditionnellement, absolument - dans le champ de la philosophie et probablement aussi ailleurs, là où on l'attend le moins.

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Propositions

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