Critiquant Gilles Deleuze, Jacques Derrida fait observer "qu'on ne peut pas réduire toute vie du Moi, toute structure égologique au moi conscient". Il y a dans l'expérience psychique du non-moi et aussi du moi inconscient - pour utiliser le vocabulaire de Freud. Et même si, pour différentes raisons, on choisit d'écarter le vocabulaire de Freud (l'inconscient, le moi, le ça et le surmoi), on peut et on doit (selon Derrida) admettre que le vivant n'est pas indivisible. Dans son rapport à soi, il se divise en de multiples instances hétérogènes, conflictuelles. Deleuze rejette en bloc la psychanalyse, alors que les logiques de l'inconscient peuvent être prises en compte de manières diverses. On ne peut pas miser uniquement sur un Moi souverain, responsable [comme le font Deleuze et Lacan selon Derrida], capable de répondre librement, alors qu'avec d'autres constructions théoriques, on peut tenir compte des différentiels de forces, des antagonismes, des résistances, oppressions et répressions qui ont lieu entre les différentes instances.