Pour le droit positif européen, seule la violence sanctionnée par le droit est légitime. Aucun autre type de violence, quelle que soit sa signification, sa justification, sa finalité, ne peut être acceptée, pas même la violence "naturelle". Les individus comme sujets de droit ne peuvent pas recourir à des méthodes violentes, si celles-ci ne sont pas prévues par le droit. Par exemple, l'enseignant n'a pas le droit du punir comme il le veut; la légitime défense est strictement limitée, etc... Si la violence est condamnée, ce n'est pas en raison de sa finalité, c'est parce qu'elle ne s'intègre pas dans le droit. Il faut à tout prix préserver le monopole du droit sur la violence pour protéger le droit lui-même.

Si les grands criminels sont souvent admirés en secret par le peuple, ce n'est pas pour leurs actes, c'est parce qu'ils ne se soumettent pas à la sanction par le droit. En exerçant directement la violence, ils se mettent au même niveau que les Etats. C'est le cas aussi pour la grève générale révolutionnaire : le droit de grève est alors abusif pour l'Etat, car il tend à détruire l'ordre de droit, il s'attaque aux fondements de l'ordre légal.