Quand certaines notions se propagent dans les milieux savants ou culturels, même si elles ne sont pas utilisées avec la même rigueur conceptuelle, elles inspirent l'artiste, elles stimulent son imagination. De même que la révolution copernicienne a influencé l'architecture baroque - avec son univers élargi aux dimensions de l'infini et sa diversité de perspectives -, l'apparition des nombres imaginaires ou transfinis en mathématiques, l'axiomatisation de la géométrie chez Hilbert, l'indétermination quantique ou les nouveaux rapports du hasard à la causalité ont pour répondants le Néoplasticisme, le Constructivisme, le hasard-objectif de Dali ou la méta-ironie de Duchamp. Quand des valeurs qu'on croyait absolues comme les principes de causalité ou de contradiction sont démenties, les artistes trouvent des équivalents formels (ou informels) pour intégrer les nouvelles valeurs à notre sensibilité.

L'oeuvre contemporaine, ouverte, ne raconte pas la discontinuité; elle est cette discontinuité. Des artistes comme Camille Bryen, Dubuffet ou Fautrier rendent compte à leur façon d'un nouveau rapport au réel où l'originaire, l'indistinct, l'indéterminé, se laissent voir.

Oeuvre de Théo Van Doesburg, un peintre qui, avec Mondrian, se qualifiait lui-même de néo-plasticiste.