Il est possible que la notion de "code" soit pertinente en linguistique, quoique Benveniste ait fait remarquer qu'"il n'y a rien dans la langue qui n'ait d'abord été dans la parole". S'il y a du code en peinture [c'est-à-dire des signes inscrits dans les limites bien définies de la représentation], il est travaillé par le dit (la parole, la phonè), il est inséparable de son dehors (l'inarticulé, l'imprononçable). S'il y a un système en peinture, il est travaillé par le non-figurable. Mais Hubert Damisch, justement, soutient qu'un tel système, un tel code symbolique, ne peut pas fonctionner, ou s'il fonctionne, c'est seulement comme un dispositif théorique, un modèle normatif qui, dans la pratique réelle de la peinture, ne cesse d'être transgressé. Quand on peint le feu, les rayons lumineux, les orages, la foudre,la fumée, les buissons, les nuages (comme le Corrège dans l'Assomption de la Vierge), les affections du corps, la voix, on ne peut pas les faire entrer dans le champ de la représentation.

Dans la Crucifixion ci-contre, le chemin, traité en perspective curviligne, descend un vallon qui le dérobe à la vue avant de remonter plus loin vers une ville. Mantegna a voulu s'affranchir des coordonnées spatiales, ouvrir sa composition vers un ciel parcouru de nuages.