On dit de certaines compositions musicales qu'elles sont surtout l'occasion pour l'interprète de démontrer sa virtuosité. Ce sont des "pièces de virtuoses", qui parfois n'ont pas d'autre sujet immédiat que celui-là. On aurait pu dire la même chose des premiers peintres de la Renaissance qui ont exhibé leur connaissance de la perspective linéaire [par exemple la Citta ideale d'Urbino] ou pour l'exercice de la peinture de l'Ecole de New York [y compris l'Action Painting], quand le coup de pinceau était l'occasion de "mettre en oeuvre" le sujet réel (l'action virtuose de peindre).

A chaque "progrès" dans la représentation, ce phénomène se reproduit. Les frères Lumière ont choisi pour leurs premiers films des sujets qui montraient le mouvement pour le mouvement (comme la Danse Serpentine), les scènes de poursuite restent l'un des plats de résistance du cinéma contemporain, et les films en 3D sont eux aussi composés en fonction des nouvelles technologies. Mais, s'il ne s'agit que de virtuosité pour la virtuosité, notre intérêt pour ce type de virtuosité s'affaiblit rapidement.

Danse serpentine, film des Frères Lumière tourné en 1896, où ils mettent en valeur le mouvement pour le mouvement. La danseuse est l'américaine Loïe Fuller, installée en France à l’époque.