Rosalind Krauss cite deux stratégies mises en avant par les vidéastes :

- s'enregistrer soi-même en train de s'enregistrer,

- manipuler l'appareil pour qu'il enregistre sa propre capcacité à enregistrer un champ.

Dans les deux cas, la vidéo se penche sur elle-même et confirme son contenu essentiellement érotique [narcissique]. Elle produit des variations sur ce contenu : feedbacks, illusions d'optique, mouvements de va-et-vient, spirales, qui sont toujours des substituts du contact avec soi-même. En tournant son regard vers l'extérieur, elle le tourne vers l'intérieur. Quand Bruce Nauman, en 1969, dans ses longs et étroits couloirs vidéo, entraîne le spectateur dans un parcours où l'image vers lequel il marche est sa propre image, c'est ce type de matériau qu'il élabore. D'une part, il s'enregistre lui-même; d'autre part, il attire l'attention sur des processus qui le désubjectivent.