Dès 1844, William Henry Fox Talbot avait remarqué qu'en projettant un spectre solaire (bande colorée obtenue par réfraction d'un rayon de lumière sur un écran) sur une surface sensible, on pouvait faire apparaître des rayons invisibles. En conséquence, des personnes placées dans une pièce où l'on ne projetterait que ces rayons (invisibles) apparaîtraient dans l'obscurité, mais laisseraient une trace sur les sels d'argent. Peut-on généraliser cette propriété à d'autres rayons, par exemple spirituels? A une époque où l'on accordait aux traces physiognomoniques un pouvoir de révélation (cf Lavater), il n'était pas absurde de se poser la question. Il semblait légitime de rapprocher science et spiritisme, sous l'égide de la photographie, cette écriture régie par l'automatisme de la trace.

Pour qu'une photographie existe, il suffit d'une trace lumineuse; mais pour que cette trace devienne intelligible (pour que la photo ait un sens), il faut que les signes produits soient démultipliés.