Dans la parole (proche de la révélation) et dans l'action (proche du commencement), le "qui" (identité unique et distincte de l'agent, par opposition au "ce que") se révèle. Ce "qui" est caché à l'agent lui-même, comme le daimon grec. On ne peut pas en disposer comme d'un objet. Il ne se révèle que dans des actions particulières, auxquelles il reste attaché. Si l'on veut définir ce "qui", on se heurte à plusieurs difficultés insurmontables :

- en décrivant "ce qu'"'il est, on ne désigne plus la personne elle-même, agissante et parlante, mais ses qualités objectives.

- toute action, quelle qu'elle soit, est simultanément révélation du sujet qui parle et "au sujet" de quelque chose ou de quelqu'un. Pour se révéler comme sujets par leurs actes, les hommes se concentrent sur des objectifs du monde matériel. Ils n'émergent comme vie unique qu'en affectant de manière unique les vies de tous ceux avec lesquels ils sont en contact.

On ne peut pas réduire la révélation du sujet aux résultats de son action. Les oeuvres, documents ou récits n'ont pas été forgés, fabriqués, ils sont le produit d'un flux vivant, d'un "qui" dont on ne peut montrer aucune imitation ou réification, d'une "personne" invisible, irracontable, qui n'a ni créateur, ni auteur extérieur.

L'identité de ce "qui" est intangible, elle échappe à toute généralisation.