Les biochimistes comparent le génome à un texte formé d'un petit nombre de chiffres ou de lettres, alignées en suites complexes. On peut comparer cette structure aux mélodies musicales. Le musicien ne dispose, lui aussi, que d'un petit nombre de notes. Il organise cet alphabet selon différentes techniques ou méthodes : fugues, ritournelles ou contrepoints; clés, registres ou tessitures. Il code, transcrit et finalement son oeuvre doit être interprétée sur un support objectif et concret : partition, voix ou instrument. Sur chaque support, on peut jouer n'importe quelle musique ou en composer indéfiniment des nouvelles, mais chaque passage du symbolique au réel est singulier (interprétation). Ces supports (claviers, tables, orgues ou cordes) ressemblent aux machines des technologies nouvelles.

La musique est aussi universelle que la parole ou le codage ADN. Ses combinatoires sont infinies, ce qui permet toutes sortes de compositions. Elle a moins de sens qu'un langage, et n'advient qu'en présence d'un auditeur. Comme la vie, elle nous donne l'expérience de la durée.

Tant de proximité entre la vie et la musique ne cesse d'étonner. Les deux sont imprévisibles, singulières, géniales et fragiles. Elles sont constructives, mais prêtes à s'effondrer. Elles sont toujours contingentes, mais quand elles se déploient dans un espace, elles en prennent le contrôle.