Peu à peu, l'homme intègre à son propre corps les modes de perception et d'échange des animaux et des végétaux. Un Biosom global se constitue, qui regroupe virtuellement les capacités de l'ensemble du monde vivant. Les informations recueillies submergent nos banques de données. Il faut construire un nouvel entendement à la mesure de ce corps toujours reconstitué. Le sujet de cet entendement n'est pas un individu, mais l'ensemble du vivant. C'est un biocogito (sujet en voie de globalisation), voire un cosmo-cogito ou biocosme. Sa pensée se généralise, comme si le monde évoluait lentement vers la connaissance de soi. Ainsi l'apparition de la vie serait-elle l'émergence de cette connaissance, le premier chaînon d'un auto-savoir que nous sommes sur la voie d'intégrer.

Aucun observateur ne voit un objet selon tous les points de vue possibles. Il n'en voit que des figures. De même que la couleur blanche est la somme de toutes les couleurs, la vision d'un observateur intégral (le géométral) tendrait vers le blanc. Ce serait un Dieu. Que dire de l'intégrale de la perception de tous les vivants? C'est la richesse du monde humain, moins pauvre que tous les autres. Il reçoit des signaux de la totalité du monde, qu'il a domestiqué.