Entre 1850 et 1890, les nouvelles techniques se développent sur la base des anciens modèles esthétiques. Par exemple le fer remplace la bois, mais en conservant la forme de la poutre. La colonne en fer moulé, qui est le matériau standard des années 1848-1870, respecte les schémas décoratifs du Moyen Age et de la Renaissance. Dans les années 1870, l'introduction aux Etats-Unis de l'acier Bessemer assure l'essor industriel de Chicago. Les premiers gratte-ciels y sont construits vers 1885 par William Le Baron Jenney, et le fer s'y substitue à la pierre vers 1890.

L'Exposition parisienne de 1889 consacre le triomphe de la machine. A la suite d'Eiffel, les ingénieurs peuvent enfin prétendre au titre de créateurs de beauté. Identifié à l'utile, le Beau industriel devient aussi éternel et immuable que celui de Ruskin. En 1904, Paul Souriau publie La Beauté rationnelle : Toute chose est parfaite en son genre quand elle est conforme à sa fin; L'objet possède sa beauté dès lors que sa forme est l'expression manifeste de sa fonction. A Vienne, Loos mène une croisade contre l'ornement.

Une machine possède en elle-même une qualité plastique, une valeur déduite de la logique interne des techniques. Cette valeur détermine un design, une esthétique industrielle. Si l'on associe la qualité des produits, la stricte économie des moyens et la conquête des marchés (les formes issues de la production industrielle sont celles qui touchent le mieux leur public), l'art se réconcilie avec l'industrie. Cela conduit à l'Ecole de Nancy, à Le Corbusier [et plus tard au Bauhaus], à tout un courant industriel.