A sa formule "dieu des personnes", Henri Atlan met une minuscule. Il ne s'agit pas d'un Dieu personnel, mais d'une force qui dit (en hébreu) "Ani" c'est-à-dire "Je", une force qui ne s'exprime et ne peut s'exprimer que dans les personnes humaines. Contrairement aux dieux païens, comme le dieu des tempêtes, celui des astres ou celui de la foudre, ce dieu-là (avec une minuscule) ne peut pas être remplacé par une description scientifique. On ne peut pas parler des personnes en les dépersonnalisant; et même si les technologies biologiques et médicales transforment les corps en objets, les sujets libres ou responsables, avec leurs attributs éthiques et juridiques de dignité, de droits et de devoirs, n'y sont pas réductibles.

Selon Henri Atlan, lui-même biologiste, il ne faut pas confondre la singularité de la personne et l'individualité génétique. Pour définir la personne dans son unicité, il faut se tourner vers autre chose, soit le droit, soit le récit mythique ou symbolique. Il interroge pour sa part la tradition juive, halakhique (c'est-à-dire juridique) et haggadique (c'est-à-dire narrative) - telle que le talmud l'a transmise.