Derrida
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Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Le portrait, l'absent                     Le portrait, l'absent
Sources (*) :              

 

Vieil homme (Lovis Corinth, 1889) -

Notes prises lors d'une conférence donnée par Jean-Luc Nancy le 10 mars 2006 à l'Ecole Normale Supérieure, dans le cadre d'un séminaire sur Jacques Derrida organisé par Marc Crépon.

Il ne manque au portrait que la parole, et à la musique que l'image

   
   
   
                 
                       

 

Le portrait donne la sensation d'une parole, mais sans expression verbale. Il parle, il est déjà en train de parler, et il nous parle depuis sa privation de parole - comme le jeune homme de Cézanne devant son crâne. C'est le parler même du manque de parole. Nous désirons entendre la voix de l'absente ou de l'absent, et ce désir est dans l'image. Si nous le regardons comme image et non pas comme ornementation, nous nous taisons devant le portrait, dans le manque de cette voix.

L'écoute de la voix est d'un autre ordre que la vision. Sa résonance nous accorde à un ordre de sens et de vérité dont l'essence diffère de l'ordre visuel. La voix (ou la résonance) outrepasse l'identification, et donc la mimesis; il y a participation (methexis) à cela dont le son creuse la présence. La présence est écartée d'elle-même et renvoyée vers une ligne de fuite où se perdent toutes les présences. Cet écart entre visuel et sonore ne divise pas l'image. Pour utiliser d'autres catégories (qui présentent l'inconvénient de favoriser la division) l'écart entre vision et audition ne sépare pas la peinture de la musique, car dans l'image peinte, le visuel et le sonore se partagent leurs valences. A l'image, il ne manque que la parole, et à la voix, il ne manque que le visage. Deux manques se renvoient l'un à l'autre.

C'est seulement grâce à un tel défaut que la vérité s'indique. C'est pourquoi les arts cultivent leur différence. Ils partagent le sens et la vérité. Chaque art est l'intensification d'un registre du sens par exclusion d'autres registres. L'image fait résonner une sonorité du mutisme, la musique fait réfracter l'invisible. Cela disqualifie toutes les tentatives de correspondances et tous les pièges d'un art total. L'art est une non-totalité irréductible, il y a une interminable résonance mutuelle entre les arts.

 

 

Cela vaut aussi pour le portrait qu'Adami a fait de Jacques Derrida peu avant sa mort. C'est un portrait allégorique, dit Adami. Une allégorie de quoi? De la voix du disparu.

 


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