Kant définit les termes idée et idéal pour décrire le goût et la beauté selon le troisième moment de la beauté, celui qui porte sur la finalité. Le jugement de goût est une idée, mais une idée de quoi? Une idée sans concept ni but. Kant s'attache à justifier qu'une telle idée puisse exister. Bien qu'elle soit un concept (comme toute idée), elle n'est pas représentée par des concepts (puisqu'il s'agit du jugement de gout, qui est sans concept), mais par l'imagination. D'où la recherche d'un idéal du beau : l'idée n'étant pas représentée par elle-même, elle est présentée par autre chose qui la représente adéquatement. Un tel idéal n'est accessible que pour l'être humain, car lui seul peut accorder ses propres fins à des fins universelles à travers sa forme (beauté adhérente), mais aussi à travers ses idées morales (beauté libre).

Jacques Derrida fait remarquer que la notion d'adéquation entre une représentation et une essence fait revenir la mimesis dans le lieu même dont l'imitation paraît exclue (Vérité en peinture, p125). Si le sujet produit lui-même, de façon autonome, l'Idée esthétique, pourquoi faut-il un idéal?