C'est ce qu'on peut déduire, à la suite de Thierry de Duve (qui n'utilise pas exactement cette formulation) d'une rapide revue des attendus de l'histoire de l'art, allemande principalement (de Winckelmann à Riegl et Panofsky). L'histoire de l'art suppose un invariant dont les fluctuations ne sont que phénoménales : l'idée que l'art est l'art, qu'il est une des figures de l'esprit. Il y a une substance, peut-être non définie mais continue, invariante malgré la diversité de styles, permanente dans son fondement. Cette substance définit un corpus, un patrimoine descriptible, fondé sur une essence nommé art, et qui appartient à l'humanité. C'est parce que les hommes ont nommé toutes ces choses art au fil du temps, et que vous-même ou la collectivité à laquelle vous appartenez, vous persistez à le nommer art, qu'il s'agit bien de cela.

Certes, il ne s'agit de rien d'autre dans cette définition que d'un consensus mou et vague (p19), d'une sorte de main invisible un peu mystérieuse, d'une sorte d'habitus correspondant à des comportement socialement acquis.

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Jacques Derrida dénonce dans l'approche kantienne de l'oeuvre d'art un "infatiguable ressassement du thème humaniste". Deux siècles ont passé, mais l'humanisme en art n'est pas mort. On retrouve un ressassement analogue dans une partie de l'art contemporain qui privilégie l'intervention ou la dénonciation droit-de-l'hommiste.