Husserl distingue deux fonctions dans le langage : l'expression et l'indice. Mais en écartant toute absence de signification, en réduisant l'expression à un vouloir-dire, en négligeant l'entrelacement complexe de l'expressif et de l'indicatif [dont il fait cependant le constat], il réduit la fonction du signe à la communication et à l'expression. Pour lui, l'espace du langage est, de droit, intentionnel. Tout ce qui vient perturber l'expression est considéré comme accidentel. Afin de neutraliser ces accidents, il privilégie le soliloque - comme si, dans le monologue, la suspension du "dehors" limitait l'intériorité à un simple dedans, au moment même où il est question de décrire l'objectivité de l'objet.

Dans le dialogue, on tient nécessairement compte du vécu d'autrui. On n'est pas confronté à une communication pure, mais à une autre personne, un objet concret, particulier. Il y a "indication" et non pas "expression" car le sens est dirigé vers un autrui désigné. Afin de réduire l'échange à une expression pure, Husserl propose de se mettre dans la situation du monologue solitaire, silencieux. Le sujet qui se parle à lui-même est supposé (selon Husserl) n'indiquer aucun autrui ni aucune situation particulière. Derrida conteste cette pureté et estime au contraire qu'il y a de l'indice y compris dans cette situation de soliloque.