Une conspiration est d’abord vocale. Elle suppose qu'une voix circule, mais aussi des limites rigoureuses à cette circulation (afin de préserver le secret).

Dans ce tableau, on montre une voix qui s’échange, mais qui en même temps reste confinée. Parfois elle tente de s’échapper. Cette tentative s’arrête en cours de route, comme en témoignent quelques lignes qui ne mènent nulle part (plus loin le regard dissimulé derrière le rideau d’une fenêtre anticipe peut-être où mène une de ces lignes). Il y a clôture de l’échange vocal entre quelques personnes, clôture conditionnée par la forclusion de tous les autres sens. Les conspirateurs n’ont ni regard ni main, ce qui montre à quel point cette voix est castrée, cette voix qui ne circule pas. Une voix qui doit s’arrêter quelque part n’est plus une voix. Quand celles qui sortent des bouches s’assimilent l’une à l’autre mais ne se rencontrent pas, alors l’échec de la conspiration est garanti.