La tradition nous dit que chaque Juif doit respecter au moins un des 613 commandements. Parmi ces commandements, il y a le fait d'écrire un Sefer Tora (recopier un exemplaire de la bible).

S'il ne peut pas recopier un Sefer Tora, qu'il écrive un autre livre, quel qu'il soit.

S'il ne peut pas écrire un livre, qu'il écrive au moins une seule lettre.

S'il ne sait pas écrire, qu'il demande à un autre.

Et s'il ne sait pas quoi écrire, qu'il fasse au moins transcrire sa biographie.

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La source de cette tradition n'est pas claire, mais il y a un passage de la Torah souvent cité :

  "Maintenant, écrivez pour vous ce Cantique; qu'on l'enseigne aux enfants d'Israël et qu'on le mette dans leur bouche, afin que ce Cantique me serve de témoignage à l'encontre des enfants d'Israël" (Dt 31:19).

Dans le judaïsme talmudique, on interprète ce verset en disant que chaque Juif doit écrire pour lui-même un exemplaire de la Torah. Et si le Juif en question n'est pas pratiquant, n'a-t-il pas l'obligation d'écrire quand même un livre? On peut prendre au sérieux cette tradition, ou considérer que c'est juste une plaisanterie, un Witz. Pour ma part, je la prends au sérieux.

Dans Mémoires d'Aveugle (pp35-36), Jacques Derrida reprend quelque chose d'analogue à partir du Livre de Tobie (un livre de l'Ancien Testament qui, bizarrement, fait partie du canon chrétien, mais pas du canon juif). Le texte de Tobie est ambigu (comme le texte biblique). Il fait dire à l'ange Raphaël : "Mettez par écrit tout ce qui vous est arrivé" (Tob 12:20). Tobie reçoit en surabondance une bénédiction dont il doit se faire le scribe.