Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
"Je suis Juif", aporie indéniable                     "Je suis Juif", aporie indéniable
Sources (*) : Essai : un singulier marrane               Essai : un singulier marrane
Pierre Delain - "J.D. : un héritage à venir", Ed : Guilgal, 2018, Page créée le 1er juin 2018

 

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Derrida, judaïsme, judéités

[La quête aporétique s'impose à Derrida, sans qu'il puisse en décider autrement, par l'énoncé indéniable, intraitable et ineffaçable : "Je suis Juif"]

Derrida, judaïsme, judéités
   
   
   
                 
                       

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1. Le préalable aporétique.

A première lecture, les textes de Jacques Derrida sont déroutants. On ne saisit pas où il veut en venir, on a du mal à se repérer, tout paraît touffu, mélangé, complexe. Cette impression ne tient ni à une maladresse de sa part, ni à une ruse. C'est une nécessité de structure : avant de poser ses propositions, ses concepts, il doit commencer par dénouer les fils aporétiques qu'il trouve dans les textes qu'il cite ou qu'il analyse. De la pelote apparemment indémêlable du texte commenté, il lui faut extraire les éléments qui interdiront ou rendront impossibles sa réduction à un logos ou un système cohérent. Ces fils, il les mettra en oeuvre à partir des principes inconditionnels qu'il a choisis. Avant de s'engager dans une autre construction conceptuelle, il doit mettre en place une sorte de digue provisoire qui le protège de l'inéluctable retour de la logique à déconstruire. Cette digue fragile, faite à partir des apories qu'un labeur infini retrouve dans le texte, a pour particularité de se déconstruire elle-même : elle aide à penser, mais ne protège pas, et ne constitue jamais une barrière infranchissable.

 

2. "Je suis Juif", ou la première rencontre avec la possibilité de l'impossible.

Sa méfiance à l'égard des distinctions, oppositions et frontières du langage courant, sa quête obstinée de l'aporie, explique-t-il dans une conférence prononcée en 2000, sont liées à l'expérience de l'antisémitisme dans sa jeunesse.

"Dès l'âge de 10 ans (ce fut l'expulsion de l'école et l'acmé de l'antisémitisme officiel et autorisé en Algérie) se forma donc en moi un obscur sentiment, d'abord inculte puis de plus en plus raisonné, d'appartenance interrompue ou contrariée des deux côtés, du côté de l'ennemi déclaré, bien sûr, l'antisémite, mais aussi du côté des "miens", si je puis dire (...) Ce que je veux seulement souligner pour l'instant, c'est le retranchement dont je parle, un retranchement, une césure qui sembla se décider, se découper dans la blessure même, dans la blessure non cicatrisable que laisse en moi l'antisémitisme" (...) Cette axiomatique du "je suis le dernier des Juifs", loin de me rassurer dans des distinctions ou des oppositions, n'ont fait que rendre les distinctions et les oppositions impossibles et illégitimes. Au contraire, cette expérience a affiné ma méfiance raisonnée à l'endroit des frontières et des distinctions oppositionnelles (conceptuelles ou non), et donc poussé à élaborer une déconstruction mais aussi une éthique de la décision ou de la responsabilité exposée à l'endurance de l'indécidable, à la loi de ma décision comme décision de l'autre en moi, vouée, dévouée à l'aporie, au ne-pas-pouvoir ou au ne-pas-devoir se fier à une frontière oppositionnelle entre deux, par exemple, entre deux concepts en apparence dissociables" (Abraham l'autre, in Judéités, Questions pour Jacques Derrida, pp24 et 25).

Dans son Algérie natale, il refusait de s'inscrire dans l'opposition entre Juif et non-Juif. On connaît sa fuite devant la scolarité au lycée Maïmonide d'Alger après son expulsion de l'enseignement public (1943), on connaît son refus de se laisser enfermer dans quelque communauté que ce soit. D'un côté, au fond de lui-même, il acceptait l'assertion Je suis Juif, il lui restait fidèle, mais d'un autre côté, cela n'impliquait pour lui aucun sentiment d'appartenance. Et pourtant il fallait s'inscrire quelque part, et c'est dans cette inquiétude, dans cette tension [la différance] qu'il s'est inscrit.

Dans Apories, une conférence prononcée le 15 juillet 1992 (le jour de ses 62 ans), il écrit :

"Je dois vous épargner ces rappels, qu'il s'agisse de cette aporétologie ou aporétographie dans lesquelles je n'ai cessé de me débattre depuis lors [depuis l'explication avec Heidegger autour de l'aporétique aristotélico-hegelienne du temps], qu'il s'agisse de la limitrophie paradoxale de Tympan et des marges, marches ou marques, de l'indécidabilité - et la liste interminable de tous les quasi-concepts dits indécidables qui sont autant de lieux ou de dislocations aporétiques - qu'il s'agisse du double bind et de toutes les doubles bandes de Glas, du travail du deuil impossible, de l'impraticable opposition entre opposition et introjection dans Fors, dans Mémoires pour Paul de Man ou dans Psyché, Invention de l'autre (la déconstruction y est expressément définie comme une certaine expérience aporétique de l'impossible), qu'il s'agisse du pas et de la paralyse de Parages, de la "contradiction non dialectisable", d'une date anniversaire qui "n'arrive qu'à s'effacer" dans Schibboleth, de l'itérabilité, à savoir des conditions de possibilité comme conditions d'impossibilité un peu partout, en particulier dans Signature événement contexte et dans Limited Inc, de l'invention de l'autre comme l'impossible dans Psyché, des sept antinomies de la discipline philosophique dans Du droit à la Philosophie, du don comme l'impossible (Donner le temps...) et surtout, près de ces lieux où les questions de responsabilité juridique, éthique ou politique concernent aussi les frontières géographiques, nationales, ethniques ou linguistiques, j'aurais été tenté d'insister sur la formalisation la plus récente de cette aporétique dans L'autre cap (daté de la guerre du Golfe). (...) Dans des textes plus récents (Passions et Donner la mort), j'ai poursuivi cette analyse, nécessairement aporétique, d'un devoir comme sur-devoir dont l'hubris et la démesure essentielle doivent dicter de transgresser (...) ce que Kant définit comme la condition même de la moralité." (Apories pp35-38).

Déclarant vouloir lui épargner ces rappels, il oblige le lecteur à les endurer, en citant avec précision les livres et les pages. Il nous faudra donc, à lui signataire comme à nous lecteurs de son œuvre, endurer l'aporie. Il l'aura à sa façon non seulement déclarée, mais expérimentée (vécue?) performativement toute sa vie. Comment? Il va jusqu'à apporter une précision décisive : s'il faut l'endurer, dit-il, c'est sans s'acquitter d'aucune dette (p37). Cette contrainte qu'il s'impose ajoute une sorte de méta-niveau à l'aporie, une exigence aporétique à l'inscription de l'aporie dans le discours philosophique.

 

3. "Je suis Juif", un énoncé aporétique.

Il faut lire "Je suis Juif" comme on lit "Je suis mort", comme une figure aporétique.

 

4. Le nom de Dieu.

 

 

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Propositions

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Il faut endurer l'aporie : c'est la loi de toutes les décisions; mais jamais l'aporie ne peut être endurée "comme telle"

 


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