Avec l'Internet s'ouvrent des possibilités qui n'existaient pas auparavant. On peut par exemple "publier" des archives orales (par exemple un cours professé par un universitaire). L'inverviewer demande à Jacques Derrida si ces pratiques n'instituent pas, entre l'écrit et l'oral, un nouveau statut. Oui répond Derrida, un nouveau statut en transformation rapide, qui est pour lui une épreuve, une expérience déstabilisante [et même, pour ce qui concerne l'email, terrifiante]. Même avant ces nouvelles technologies, le passage de l'oral à l'écrit était un lieu de risque, d'inadéquation. On pouvait déjà regarder le papier comme un écran. Entre l'expérience la plus secrète, la plus silencieuse [ce qu'on appelle le monologue intérieur] et sa transformation en conversation publiable (interview) ou en texte, il y a déjà hétérogénéité, inadéquation, métamorphose vertigineuse. C'est cette hétérogénéité qui se retrouve dans le statut dit "écrit-oral", entre l'espace public et l'espace privé. Il appelle de nouvelles responsabilités, une autre culture critique de l'archive.