S'interrogeant sur les facteurs innés qui pourraient expliquer le crime, Lacan conteste le point de vue selon lequel le crime serait dû à un débordement des instincts renversant les barrières de la culture. C'est plutôt le contraire dit-il : ce n'est pas d'un excès de libido dont témoignent les tendances criminelles, mais au contraire d'une hypogénitalité, une froideur libidinale [un refoulement des pulsions sexuelles et de l'angoisse corrélative]. Quand on dit que l'homme est un loup pour l'homme, il ne faut pas incriminer l'animalité qui est en lui, mais son humanité. La cruauté ne vise pas un être d'une autre espèce, mais un semblable. A la lutte à mort de pur prestige, on reconnaît l'homme.

S'il est une constante chez le criminel, ce n'est pas une prédisposition innée, mais la compulsion de répétition, dont on ne peut analyser la structure que pour chaque cas individuel. Les tendances du sujet dépendent de la structure de son moi, de ses refoulements et identifications, et la jouissance qu'il prend au meurtre des modalités du développement en lui des principes de plaisir et de réalité.