Selon Peter Szendy, avant le 20ème siècle, on ne s'est pas interrogé sur les conditions d'écoute de la musique - comme si elles allaient de soi. Les Instructions pour l'écoute de la nouvelle musique d'Adorno, qui semble être un des premiers textes allant dans ce sens, datent de 1976. Certes, avant cela, les critiques musicaux ont décrit les oeuvres, ils ont analysé les interprétations et les impressions qu'elles suscitaient chez le spectateur, mais leurs critères n'étaient ni explicités ni critiqués. Le fait que l'oeuvre apparaisse comme une structure, comme un tout articulé en parties, n'était pas analysé.

C'est cela qui conduit, aujourd'hui, à poser la question de l'oeuvre. L'exigence de respect pour son authenticité, son originalité, qui s'appuie sur tout un appareil juridique (droit d'auteur), laisse entendre que cette authenticité, cette originalité, ne va pas de soi. L'oeuvre peut être vue (s'il s'agit de théatre) et écoutée de différentes façons, elle peut être appropriée de différentes façons. L'existence d'arrangements différents témoigne de la possibilité de différences d'écoute.

Peter Szendy parle ici seulement d'oeuvre musicale, mais cela ne vaut-il pas pour toute oeuvre, dite d'art?