Le cinéma est supposé donner une image naturelle de la vie. Par sa capacité à reproduire "fidèlement" le monde, il suscite une croyance en la vérité de l'image, une adhésion spontanée. Le représenté, l'observé ou le filmé semblent coïncider avec le représentable. Mais ce phénomène de reconnaissance immédiate, de familiarité, masque l'étrangeté des images. Nous refusons de voir ce que nous percevons : un leurre, un dispositif artificiel, un cadre formel qui limite la vue. Nous ne pouvons voir qu'à travers le trou de serrure du signifiant, mais nous préférons nous perdre dans la scène que nous observons.

Alors que le langage dit le monde sans l'imiter, la photographie et le cinéma le disent en l'imitant (p71). Ils jouent sur une confusion, car le film n'est pas le monde, c'est un objet séparé, un artefact, qui est pris pour le monde.