Derrida
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Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Louis Soutter, l'inépuisable                     Louis Soutter, l'inépuisable
Pas d'autre assurance que le témoignage d'un autre               Pas d'autre assurance que le témoignage d'un autre
Hartwig Fischer - "Louis Soutter (1871-1942) Catalogue d'exposition dirigé par Hartwig Fischer", Ed : Kunstmuseum, Bâle, 2003, p16

 

Les affres sans temoins (Louis Soutter, 1930-37) -

Louis Soutter témoigne d'un témoignage impossible

   
   
   
                 
                       

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Extrait des Mots de Jacques Derrida, par Pierre Delayin : A la source de tout sentiment du moi, de toute perception sensible, de toute croyance est la possibilité du témoignage. Il faut que quelqu'un atteste de la vérité de ce que je ressens ou de ce que je dis, un témoin ou le témoin du témoin. Ce peut être un dieu, présent ou absent, en lequel j'ai foi, un témoin absolu nommé ou pas, au nom prononçable ou imprononçable, ou tout autre tiers que j'invoquerai ou que je convoquerai à la place de ce témoin, afin qu'il me promette la vérité. Sans cette expérience irréductible de la croyance, sans cet engagement, cette confiance en ce tout autre auquel, de bonne foi, nous accordons crédit, on ne pourrait pas s'adresser à l'autre. C'est cette confiance qui faisait défait à Louis Soutter, et que certains ont qualifiée de folie.

Dans le dessin à l'encre de Chine ci-contre, annoté au verso Les affres / sans / témoins, les trois personnages éprouvent une terrible douleur, dont ils ne peuvent rien dire. Peut-être le personnage central est-il un autoportrait (il aurait alors atténué sa solitude, en s'adjoignant deux compagnons - à moins qu'il se soit lui-même dédoublé deux fois). Il ne manque pas qu'un témoin, il en manque plusieurs (c'est écrit au pluriel), et c'est une chose affreuse. Il ne s'agit pas seulement de l'isolement de Soutter dans l'institution de Ballaigues où il était forcé d'habiter, il s'agit de beaucoup plus ou de bien pire : quand l'autre manque, il n'y a pas non plus de mot(s) pour le dire. L'inexprimable, l'informulé, s'écrit par le dessin. Le dessin lui-même est une tentative de constituer ce tiers qui pourrait dire la vérité ou instaurer la loi - mais la souffrance même des personnages démontre son échec.

Alors qu'un tableau comme le célèbre Double portrait des époux Arnolfini démontre, par sa seule existence, la possibilité d'un témoignage visuel, les dessins de Louis Soutter témoignent, aussi efficacement, de son impossibilité.

 

 

Tant qu'il n'y a pas de témoin, le conflit est sans solution, et, pour Louis Soutter, le seul témoin possible, le spectateur, est un témoin impossible. Il est toujours tenté, dans ses dessins des années 1930/37, de rejouer cette aporie. Les regards sont vides, désespérés, devant ce qui est vécu comme l'absence du regard de l'autre. Il n'y a rien à en attendre, et pourtant il n'y a pas d'autre solution que de se tourner vers lui. Mais pour lui dire quoi? Dans l'hésitation des titres, Soutter reflète le défaut de toute assurance. Aucun projet, aucune anticipation, aucun vouloir-dire n'est possible en l'absence de garant. C'est pourquoi les titres retenus ne sont que des mots instables qui peuvent toujours être changés. Avec ses dessins au doigt des années 1937/42, il semble qu'il ait renoncé à cette attente. Puisqu'il n'y a pas de point de butée, marchons! C'est alors la différance comme telle qui se déploie sans raison. Entre points, traits et marques de toutes sortes, les figures se disséminent.

 


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