Dans la tradition philosophique dominante, on privilégie les espèces, les genres et les totalités : l'homme, l'animal, la nature, le, monde, etc... Mais ces universaux ne sont que des constructions de l'esprit, des êtres de raison. La réalité n'est pas faite de généralités ni de symboles abstraits, mais d'individus. C'est ce qu'Henri Atlan appelle l'absolu du singulier. Il est remarquable, selon lui, que les personnages bibliques ne soient pas, eux non plus, des généralités, mais des individus. C'est le cas de Moïse quand, dans le Tabernacle, il entend une voix que lui seul peut entendre. C'est le cas d'Abraham dans ses relations avec son environnement familial, et aussi d'Adam, cet être unique incapable de parler à sa femme (Eve, elle-même unique) ou à ses fils (Caïn et Abel qui ne sont absolument pas interchangeables) - et c'est le cas aussi du Dieu biblique (Yhvh), qui n'est pas présenté comme une généralité ou une force de la nature, mais comme un individu unique.

Une personne photographiée par Julia Margaret Cameron avant 1879.