Le corps ne relève pas de l'"être". Il consiste en une frontière variable, une pratique signifiante, une surface dont la perméabilité est régulée par le discours [généralement hétérosexuel] et les fictions dominantes. Ni naturel, ni complètement déterminé, il est lui-même performatif. Il en est de même pour le genre : c'est une construction qui dépend des actes et des croyances de ceux qui le constituent. Sédimentés et réifiés, les styles s'instituent en normes de genre; ils peuvent se répéter sur la base de modèles socialement établis et prendre la forme de corps sexués sur un mode binaire. Mais cela n'ôte pas leur caractère de performance. Le soi genré durable n'est pas une essence, mais une illusion; les identités restent fantasmatiques, ce sont des idéaux qui ne peuvent jamais complètement s'incarner. Des discontinuités finissent toujours par se produire, et révéler l'absence de fondement. La répétition peut échouer, se transformer en déformation ou en parodie, montrer sa vulnérabilité.

Un acte performatif n'exprime aucune vérité. Il n'est ni vrai ni faux; il ne révèle aucune essence. Les configurations de genre peuvent proliférer en-dehors des cadres restrictifs (masculinité, féminité, hétérosexualité).