La cité grecque s'est construite sur la destruction de tous les groupements reposant sur la parenté. Il en résulte une vie politique (le bios politikos d'Aristote) nettement distincte de celle de la famille et du foyer où le chef (le paterfamilias) exerce un pouvoir absolu et une autorité incontestée, tant sur la parenté que sur les esclaves. C'est pourtant la vie politique qui est considérée comme l'activité la plus noble. Elle réunit plusieurs éléments : l'action (praxis), la parole (lexis) - c'est-à-dire l'art de trouver le mot juste au bon moment, et plus tard la pensée (philosophie). Dans la mentalité grecque, le fait que l'homme ne puisse vivre qu'en société et qu'un travail soit nécessaire à son entretien est considéré comme une contrainte, une nécessité partagée par tous les processus biologiques, et extérieure à la sphère de la polis, la seule où peuvent être établis la liberté et l'égalité. Les limites des champs sont considérées comme sacrées, et la vie privée des citoyens inviolable.

La bèma, tribune aux harangues de la Pnyx, où se tenait l'Assemblée des athéniens.

Dans la conception moderne de la société, un phénomène nouveau apparaît : le social, qui n'est ni privé, ni public. Dans cette collectivité politique qui trouve dans l'Etat-Nation sa forme politique, les affaires du peuple sont administrées par le gouvernement. Les domaines du ménage (l'oikia grecque) et de la politique se recouvrent constamment. La distinction antique qui s'était prolongée dans l'opposition médiévale du clérical et du laïc est effacée.