Les réformes de l'éducation décidées aux Etats-Unis dans les années 1960-70 ont conduit à un renforcement de l'autonomie des enfants. Dans la nouvelle pédagogie, le professeur renonce à toute idée de coercition. Au lieu de transmettre un savoir, il inculque un savoir-faire, comme si l'enfant pouvait apprendre uniquement par la pratique, sans passer par l'assimilation des connaissances. En s'efforçant de supprimer toute distinction entre savoir et jeu, on maintient l'enfant dans un monde clos, on le tient artificiellement à l'écart du monde des adultes auquel il n'a plus à se confronter. Cette méthode brise la relation naturelle entre les générations, qui repose sur l'apprentissage et l'enseignement.

Cette situation reflète une crise beaucoup plus générale de la société moderne. L'enfant est effectivement un être nouveau et en devenir, mais il l'est par rapport à un monde qui existait avant lui et qui existera après sa mort. L'enseignant doit pouvoir dire à l'enfant : "Voici notre monde". S'il n'a pas suffisamment d'autorité, il désavoue implicitement les exigences du monde et son besoin d'ordre. En renonçant à sa responsabilité, il conduit l'enfant à rejeter toute obéissance, y compris à l'autorité politique.