Cette maxime, plus vieille que le christianisme, n'a pas toujours été connue. Pourquoi aimerais-je un autre être qui ne le mérite pas? Un être qui ne pourrait me rendre aucun service, ni marchand ni sexuel? S'il me ressemblait, je pourrais alors m'aimer moi-même en lui. Je pourrais aussi l'aimer s'il m'était apparenté, ou s'il était associé à quelqu'un que je connais. Mais pourquoi aimer un parfait inconnu? Je risque d'abandonner les miens, qui méritent mon amour au profit d'étrangers ou de créatures éloignées de moi et qui eux-mêmes n'ont aucune affection pour moi. Il se peut que mon prochain m'offense, me calomnie, me combatte. Il se peut qu'il raisonne comme je suis en train de le faire et me haïsse. Il se peut qu'il veuille m'exploiter ou m'utiliser (sexuellement ou non) sans mon consentement, qu'il cherche à s'approprier mes biens et à me martyriser.

[Etudiants allemands volontaires pour aller en guerre, 1914]

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Mais c'est justement cette tendance à l'agression, cette hostilité primaire plus forte que tous les principes éthiques, qui menace les civilisations. Proposer comme idéal l'amour d'autrui est la seule manière de prévenir la force brutale, la rivalité ou la jalousie.