La personnalité juridique est un pur rapport de la liberté à elle-même. En tant que liberté immédiate, subjective, qui s'exerce au-dedans du soi singulier d'un sujet, elle est abstraite. Mais le droit abstrait, comme réification de la liberté personnelle, s'objective. On peut l'ordonner, en faire un corps de normes juridiques, un système de médiations qui s'applique aussi aux relations de personne à personne. Il est à l'origine de catégories fondamentales du droit civil (personne, propriété, contrat) et du droit pénal. Au coeur de cette positivité, se loge la rationalité du droit. Ses principes sont philosophiquement universels (même s'il varie dans la pratique). Ce sont les conditions formelles de la vérité objective.

La volonté libre est donc transposée dans le monde des choses, c'est-à-dire objectivée. Elle s'affirme comme un pouvoir d'objectivation de soi dans les choses. Je m'approprie mon propre corps, les objets naturels et les produits de l'art. J'ai droit à ces choses. Ma liberté, ma capacité juridique, c'est mon droit universel d'appropriation des choses naturelles. Cela vaut pour toute personne, indépendamment de son statut social. Sois une personne et respecte les autres en tant que personnes (p147).

Le droit abstrait est en attente d'une seconde objectivation, une effectuation qui n'interviendra qu'avec la Sittlichkeit.