Le "Non" est tout aussi originel que le "Oui". Mais le "Oui" est pur prédicat, tandis que le "Non" est négation originelle du néant. Le "Oui" ne peut entrer en mouvement que par le passage au multiple qu'apporte le "Non". Le "Non" s'entrelace dans un corps-à-corps intime avec le néant. Il trouve son antagoniste tout près de lui. C'est une lutte à deux où le néant se nie lui-même, mais dont l'Autre se détache. En lui, tout autre devient purement "Autre". Avec l'irruption de l'Autre, la détermination devient négation. Le "Non" prend figure, comme "Non" libre, capable de se positionner. Mais il reste pur "Non". Il ne contient pas de "Oui".

Sans cesse, la liberté de l'acte se révèle en sa nouveauté. Comme tout lui est autre, elle est infinie dans ses possibilités. Sa source est inépuisable. C'est la liberté de Dieu, en Dieu et par rapport à Dieu, dont nous ne savons rien. Mais en tout temps, elle est l'unique, l'Un limité.

En tant que sujet originel, le "Non" se dépasse lui-même avec une force illimitée. Sa liberté est finie, mais dans sa nouveauté constante, elle est infinie. Il n'existe rien en-dehors d'elle.