On peut comparer les films où sont travaillés jusqu'à l'excès la pellicule, les éclairages ou la mise au point à l'abstraction en peinture, plus particulièrement l'abstraction lyrique (Pollock, Rothko ou Hans Richter). Dans les deux cas l'image qui apparaît sur l'écran ou sur la toile n'est pas directement reconnaissable. Le spectateur doit prendre sur lui la dépense pulsionnelle nécessaire pout en faire un objet libidinal. Il faut qu'il neutralise son propre corps, qu'il restreigne ses voies de passage ou de décharge à de très petites régions partielles (l'oeil, le cortex), qu'il bloque toute évasion vers d'autres voies. A ce prix, inappréciable, on peut se passer des belles formes cinématographiques (celles qui sont reconnaissables sans effort), on peut en finir avec l'illusion cinématographique, sociale ou politique. On peut profiter d'une jouissance partielle, pulsionnelle.