Le classicisme (à ne pas confondre avec l'académisme) n'est pas entièrement tourné vers le passé. Il peut, sans rompre avec la tradition, élargir son domaine en permettant à l'artiste de s'écarter des chemins balisés pour mieux faire face à sa tâche ou à son époque. Il peut s'actualiser, se transformer, s'il ne rompt pas avec le cursus des classes - c'est-à-dire avec l'enseignement qu'il a reçu. Dans cette configuration, le geste nouveau, inédit, non connu à l'avance, n'est pas interdit. On l'accepte s'il n'est pas préfiguré, mais préfigurable à partir de la formation qui a été donnée aux artistes, en partant du champ technique et méthodique auquel ils ont été préparés. Comme l'orateur à l'époque de Cicéron, l'artiste classique doit contribuer au rassemblement de l'espace public et du monde commun. Les inventions ou les innovations (comme on dirait aujourd'hui) sont admises, mais à condition que l'art de faire ne change pas. On accepte la modernisation, mais pas le modernisme.