Tout objet matériel se situe dans un espace tridimensionnel. Pour faire une oeuvre d'art minimal, sa dimension (à peu près anthropomorphique) ne suffit pas. Il faut que son identité ne soit pas celle d'un objet [un objet courant, banal], que l'"objectité" du non-art soit invalidée ou suspendue. Selon Michael Fried, ce but ne peut être atteint que dans une situation théatrale. Cette situation ne tient pas au contenu de l'oeuvre, mais à l'expérience liée à la situation spatiale du spectateur : l'espace, la lumière, le contexte, le champ de vision, tout concourt à modifier cet espace pour l'unifier autour de la relation spectateur / objet et en faire un espace scénique.

Les dimensions de la pièce ou du lieu peuvent affecter le rapport sujet / objet. C'est l'objet qui doit être au centre de la situation et en constituer le point de mire, mais la situation appartient au spectateur, qui est confronté à l'objet dans son espace, sur son passage. Entre le corps du spectateur et l'objet, il ne faut pas d'élément étranger. L'objet exerce alors une pression envahissante, voire agressive. Pour être pris au sérieux, il doit extorquer la complicité du spectateur, le mettre à distance.