Pendant des millénaires, l'homme a domestiqué des animaux et des végétaux en intervenant sur leur phénotype. Les mutations génétiques restaient aléatoires, et le rapport au temps restait dans la continuité de l'évolution des espèces. Avec le génie génétique commence une période entièrement nouvelle. L'homme peut manipuler les génomes et fabriquer de nouvelles espèces en quelques années. Il peut aussi se détruire lui-même d'un seul coup par la bombe atomique, ou modifier le cycle de la vie et de la mort des cellules (apoptose). C'est un temps neuf qui change radicalement le rapport à la vie et à la mort, et aussi à l'air, à l'eau, au feu, au climat, aux autres espèces, à la descendance, à la terre et à l'espace, aux collectivités, au savoir, aux langues et aux cultures, etc... D'autres types de liens au corps, au monde et aux autres émergent, à une échelle sans précédent, et alors que nous n'avons aucune maîtrise conceptuelle ni pratique du global.

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Tout cela demande une nouvelle philosophie qui naît dans un tremblement, une hésitation, une complète incertitude.

Coquillage homme coquillage - Trois Etats du temps (Guy Ferrer, 1995). On trouvera d'autres oeuvres de Guy Ferrer sur son site à cette adresse.

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Après des millions d'années de lente évolution, nous assistons à une bifurcation qui hésite entre délivrance et catastrophe. L'extrême violence est associée à une rare sagesse, les risques et chances croissent aussi vite que notre omnipotence. Ce qu'il en résulte peut être présenté comme une nouvelle hominisation que Michel Serres appelle hominescence.