L'extension des technosciences dans les démocraties médiatiques est associée à l'élargissement de l'écart entre riches et pauvres, au néo-alphabétisme, au despotisme de l'opinion, à la loi selon laquelle Est bon ce qui est performant et plus généralement au déclin, voire à la destruction des idéaux modernes. L'école ne forme plus des citoyens, mais tout au plus des professionnels. Ces phénomènes ne sont pas dûs au manque de développement, mais au développement. On n'ose plus les appeler progrès.

Les intellectuels qui ont voulu perpétuer la tâche des gardiens des causes justes (Chomsky, Negri, Sartre, Foucault, etc...) se sont dramatiquement trompés. Les métarécits d'émancipation n'ont plus de légitimité. D'autres intellectuels ne cherchent plus qu'à "sauver l'honneur" en se tournant vers le déclin de la métaphysique ou vers l'art. Lyotard propose, dans la lignée du 1984 de Orwell, de suivre une ligne de résistance par l'écriture : travail du corps, de l'amour, événement initiatique dans le langage, prolongement de la responsabilité de témoigner que les avant-gardes ont assumée pendant un siècle.