C'est un encadrement de porte vide et plus loin une porte, hors de ses gonds. Le fait de les voir ensemble dans un musée conduit à les appréhender comme parties d'un tout - même s'ils ne forment pas une "chose complète". On appelle cela une installation, mais c'est aussi une peinture, une sculpture, de l'écriture (le titre), un élément d'architecture (dans un intermonde entre le mobilier et l'enveloppe de l'immeuble). On peut aussi appeler cela "oeuvre" - bien qu'il n'y ait pas de cohérence ni de synthèse possible entre ces différents noms.

En tant que peinture, l'installation renonce à toute affirmation néofigurative ou textuelle. En tant que forme d'art conceptuel, elle ne propose aucune "représentation" à contempler. Plus qu'une forme spatiale, c'est un concept à construire - peut-être un concept d'espace. Mais on peut aussi soutenir que l'encadrement est la métonymie d'un habitat humain et social dont on peut avoir une certaine nostalgie.

Les éléments sont distincts, bien qu'on soit tenté de les associer. Ils ne projettent pas de style particulier, ni de programme esthétique ou culturel. C'est une énigme, ou une allégorie. De quoi? De la rupture, de la discontinuité, de l'hétérogène, de la différence, du vide, du trou, etc... L'objet ne pouvant être décodé ou interprété selon un savoir déterminé, on cherche d'autres interprétations en-dehors de lui, des interprétations douces, multidirectionnelles, superficielles, sans profondeur.

Untitled Door and Door Frame, par Robert Gober (1987-88). Bois, peinture émaillée. Porte : 84 x 34 x 1,5. Cadre : 90 x 43 x 5,5. ©Collection Walter Art Center, Minneapolis. Gift of the John and Mary Pappajohn Art Foundation, 2004.