L'histoire de l'art transforme une conception de l'art élaborée à partir des oeuvres en une théorie que les oeuvres reflètent. L'historisation de l'art devient le modèle général de l'étude de l'art. L'histoire de l'art étant supposée une et cohérente (conception de l'ars una), même des objets dont la finalité de départ n'est pas esthétique peuvent être transmués, par cette interprétation, en oeuvres d'art. Ils sont appréciés en fonction d'une norme ou d'un style qui permet de définir des phases, des cycles.

Vasari, dont le livre est publié en 1555, définit un idéal classique qui aurait été découvert dans l'Antiquité et redécouvert à la Renaissance. Cet idéal fonctionne comme norme absolue, cadre fixe de l'art. Ce modèle faisait toujours autorité pour Winckelmann (livre paru en 1764). Pour Hegel, l'art tirait sa norme, non de sa propre nature, mais du cours historique des cultures (p30); si cette fonction historique n'est plus nécessaire, alors l'art échappe au contexte du monde. Il devient autonome et absolu, et peut être apprécié de manière libre (non normée). On passe à une nouvelle mythologie : la mission auto-assumée de l'avant-garde.