Dans "L'Orateur", Cicéron définit ces trois tâches :

- quid dicat (quoi dire) : l'invention. Prouver par la nécessité (preuves démonstratives).

- quidque loco (dans quel ordre) : la disposition. Charmer par l'agrément (beautés persuasives).

- quo modo (de quelle façon) : l'élocution ou l'action. Fléchir par la victoire, troubler l'orateur par la voix en usant de l'amour, de la haine, du désir, du dégoût, de la compassion et de la répulsion : telle est la clef de voûte de la rhétorique cicéronienne. L'orateur devient acteur. Il donne un spectacle à un public. C'est un combat dont l'arme est la passion et l'émotion. Ici, le pathétique prévaut sur l'éthique.

La philosophie tend à occulter l'importance de la passion, alors que celle-ci entre dans la définition même de l'éloquence comme rapport du corps à la parole. Pour Cicéron, la rhétorique est d'abord un art oratoire. Le discours d'un orateur est toujours entendu et regardé. La passion n'est pas extérieure, mais intérieure à l'univers du logos. Le verbe se réapproprie la chair de la voix et le corps de l'orateur. L'orateur doit être bouleversé par sa propre action oratoire, ému par sa propre véhémence, auto-affecté par sa propre théatralisation. Il ne doit pas être seulement actor mais auctor. Il est pris lui-même dans le théatre de la mimesis dont son corps est instrument et objet.