En hébreu comme en latin, l'alignement des lettres s'appuie sur une ligne qui sert de guide. Mais en hébreu, cette ligne est placée au-dessus, tandis que dans les langues latines, elle est placée en-dessous. Sur les 22 lettres de l'alphabet hébraïque, une seule dépasse (en partie) la ligne tutrice : le Lamed. Or "lamed" est la racine sémantique qui dit l'étude, l'enseignement, l'apprentissage. Apprendre, c'est entrer dans le dépassement vers le haut de la ligne d'écriture, c'est "voler dans l'air".

La ligne tutrice supérieure trace symboliquement la limite entre l'écriture et l'au-delà de l'écriture [entre le verset et l'au-delà du verset].

On retrouve la même logique dans certains signes qui sont parfois placés au-dessus des lettres, les couronnes (ketarim ou taguim). Les couronnes sont des éléments extérieurs à la lettre qui désignent un intervalle entre le "là" et "l'au-delà", un lieu où la transcendance du sens s'affirme et se creuse. Mais la couronne reste encore rattachée à la lettre. Plus loin encore, au-dessus de la lettre dont ils se détachent, on trouve parfois des points ou d'autres signes (nounim). Les lettres ou les versets ainsi pointés nous entraînent dans un autre lieu : l'au-delà de l'Au-delà du verset, qui est aussi l'au-delà du livre.

La lettre hébraïque Lamed.