Derrida
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La Formation de la Golem                     La Formation de la Golem
Sources (*) : Sur le golem               Sur le golem
Guideon Berto - "La Bague ouverte", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 6 mai 1996

La légende du Golem et ses sources

   
   
   
                 
                       

 

La légende du Golem résulte de la combinaison de cinq sources :

 

a) Le mot "golem" figure dans un seul passage de la bible (Ps135 : 15-19) : "Mes os ne t'ont pas été cachés, lorsque j'ai été fait dans le secret, tissé dans une terre profonde. Je n'étais qu'un golem et tes yeux m'ont vu. Dans ton livre ils étaient tous décrits, ces jours qui furent formés quand aucun d'eux n'existait". Selon les traductions, le mot est rendu par "masse informe", "embryon", "destin" - ou bien n'est pas traduit du tout. On peut l'appliquer à Adam, l'homme naturel (Adam Kadmon). Selon le Talmud, le mot désigne un état semi-fini dans les étapes de la création de l'homme, à partir de la poussière de la terre, avant que Dieu n'y insuffle une âme de vie. Par extension, la femme qui n'a pas encore connu d'homme est dite "golem". On retrouve cette racine dans le "homer guelem" (matière première) de l'hébreu récent.

 

b) On trouve dans le traité Sanhédrin du talmud la légende de la création artificielle d'un homme par un amora, Rava. Il s’agit de la création et de la destruction du Golem, mais le passage ne contient aucune indication sur la technique de création. Citation : “Rava a dit "Si les justes le voulaient, ils pourraient créer un monde, car il est écrit : "Tes iniquités ont été une barrière entre toi et ton dieu". En effet Rava a créé un homme et il l'a envoyé à Rabbi Ze'ira. Le Rav lui parla mais l'autre ne répondait pas. Alors il dit : "Tu viens de chez les pieux; retourne à ta poussière". (Traité Sanhedrin, 65b).”

Commentaire : Le pieux peut créer un homme artificiel, mais ne peut pas le douer de parole. Pourquoi? A cause des iniquités (Rava n'aurait pas été suffisamment juste). Quelles iniquités? On peut s'appuyer sur un autre passage biblique (Is 59:2) : "Assurément, la main de l'Eternel n'est pas trop courte pour sauver ni son oreille trop dure pour entendre. Mais vos méfaits ont mis une barrière entre vous et votre dieu; vos péchés sont cause qu'il a détourné sa face de vous et cessé de vous écouter. Car vos mains sont souillées de sang, et vos doigts de crimes; vos lèvres débitent le mensonge, votre langue profère l'injustice. Personne n'invoque le bon droit, personne ne plaide avec loyauté; on se fie à l'imposture, on avance des faussetés, on conçoit le mal et on engendre l'iniquité. Ils font éclore des oeufs de basilic et tissent des toiles d'araignées : quiconque mange de leurs oeufs meurt; que l'un d'eux se brise, il en sort une vipère. Leurs tissus ne peuvent fournir de vêtements et leurs ouvrages sont impropres à les couvrir : leurs actes sont des actes d'iniquité, la besogne que font leurs mains est toute de violence." Vos iniquités sont une barrière, et c'est cette barrière qui vous donne vie (âme, souffle).

 

c) Le traité Sefer Yetsira (Livre de la création). Ici le texte est plus détaillé. Le Golem est créé par les mêmes permutations de lettres que celles qui sont supposées avoir présidé à la création du monde. On peut qualifier cette technique de mystique ou magique; c'est celle qui sera reprise par Abraham Aboulafia.

 

Ces deux dernières sources ont été combinées par les auteurs du Moyen Âge qui ont inventé d'autres légendes sur la fabrication du Golem.

 

d) Pour Rabbi Eleazar de Worms (13ème siècle) la magie est une part vitale de la pensée et de la pratique juive. La création ne peut passer que par la langue hébraïque.

Voici un récit trouvé dans le Sefer ha-gematriot, recueil émanant des disciples de R. Juda le Hassid (vers 1230). “Ben Sira crée un homme avec son père Jérémie. L'homme leur dit : "Ne créez plus jamais d'homme de peur que les hommes ne soient induits en erreur à cause de lui, comme cela se passa à la génération d'Enoch". Ils effacent la lettre Aleph de son front et il est réduit en cendres.” En effet, si on enlève le “aleph” de “emet” (vérité), il reste “met” (mort). Malgré sa sainteté et sa sagesse, le grand prophète Jérémie s'était donc trompé.

Selon une autre tradition, l’homme (c’est-à-dire le Golem) effaça lui-même la lettre Aleph avec un couteau car sinon, dit-il, on prendra Jérémie pour un Dieu.

Autre méthode : défaire le golem à l'aide des mêmes formules et opérations qui ont servi à le faire, mais dans un sens inverse.

Selon R. Juda le Hassid (retrouvé dans un manuscrit médiéval). Enoch fabriche un Golem. Il lui insuffle la vie. Satan en profite pour se mêler à l'entreprise. Il choisit ce moment pour s'insérer dans le golem, le faire se mouvoir et entrer dans son image. Le souffle qui donne la vie (ou l'âme) est divin, car un souffle satanique ne pourrait pas animer la statue. Mais ce souffle divin peut être utilisé de manière idolâtre en manipulant l'image et le mouvement. C'est ce que fait Enoch. [Enoch, comme idolâtre, ne peut qu'introduire involontairement Satan quand il tente d'insuffler la vie au golem].

Le Golem-serviteur est celui qui aurait été fabriqué par R. Eliahou de Holm vers 1570. R. Eliahou est le Ba'al ha Chem, le maître du Nom, mort en 1583. Ses descendants ont commenté le thème du Golem. Ses actions ont ensuite été attribuées au Maharal de Prague, R. Yehouda Loew, qui a vécu 2 générations plus tard.

Histoire racontée par R. Jacob Emden, descendant de R. Eliahou de Helm : "Quand le rabbin vit que la créature de ses mains croissait en force et en taille, à cause du Nom divin écrit sur un bout de papier accroché à son cou, R. Eliahou le maître du Nom, craignait qu'elle ne devienne nuisible et destructrice. Il se rendit prestement maître d'elle et il déchira la feuille sur laquelle était le nom et il la détacha de son front et il tomba comme une masse de poussière, mais il fit du mal à son maître en l'égratignant au moment où il prit l'écrit et détacha le nom d'elle".

Cette légende a été transmise aux chrétiens au 17ème siècle. La citation la plus ancienne dans un texte chrétien date de 1674.

 

e) Mais elle est aussi liée à l’émergence de la modernité, qu’on peut considérer comme une cinquième source.

Le mythe du Maharal de Prague est une curieuse légende moderne, car on ne trouve pas mention du golem dans les écrits du Maharal. Cette légende est datable du début du 19ème siècle. Elle prétend que les restes du golem seraient conservés dans la synagoge de Prague, ce qui tend à prouver qu'il avait un caractère humain. Explication : transfert de l'oeuvre d'un rabbin polonais moins connu de la même époque (R. Eliahou de Lehm - voir ci-dessus).

 

f) A cela, on peut ajouter une analyse moderne ou même post-moderne : le sujet contemporain est Golem. Plus nous avançons dans la modernité, plus la légende du Golem s’actualise. Il est impossible d'échapper à cette origine. On ne peut pas s'en délivrer.

 

 

 

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